Ingénieur Télécom de formation et docteur en informatique (Intelligence Artificielle), Philippe Théret a 58 ans. Il a débuté sa carrière dans des centres de recherche, puis est devenu directeur de la veille technologique d’une société informatique.
P.T. : Avec l’éclosion d’Internet, j’ai créé une société de services informatiques puis quelques années après une société d’édition logicielle. Depuis une dizaine d’année j’ai ralenti le rythme, je me suis installé à Rio de Janeiro et j’ai gardé une petite activité d’informaticien. Je collectionne depuis l’âge de 15 ans. Très vite je me suis spécialisé sur le motif Hercule d’Augustin Dupré et les 5 Francs Union et Force.
Qui a participé à la création de cet ouvrage avec vous ?
P.T. : Tout d’abord, en co-auteur, il y a Xavier Bourbon, docteur en chimie et spécialiste du monnayage en cuivre de Dupré. Alain Maës, Jean-Philippe Marie, Pascal Nicole, Franck Perrin et Laurent Schmitt ont donné beaucoup de leur temps pour l’ouvrage notamment pour les relectures mais également en diverses contributions. Eric Prignac et Jean-Philippe Marie ont assuré la mise en page et la création graphique. De nombreux autres collectionneurs spécialisés ont contribué à l’ouvrage. On peut citer pour les Dupré cuivre, Marc Bazoge, Frank Davin, Bruno Miquel, Robin Rainfroy, Christian Gor et pour les Dupré argent Maxime Bortolozzo, Christophe Charve, Dominique Giraudo, Bernard Gresse et Bruno Viti. Pour la numérisation et la retranscription Stéphane Monneau a beaucoup donné de son temps également.
N’oublions pas la participation des professionnels de la numismatique (particulièrement CGB, Patrick Guillard, Robert Leguen et Barbara Roméro) et le soutien des institutionnels avec notamment: la BnF (Jean-Yves Kind), le Musée Carnavalet (Philippe Charnotet) et la Monnaie de Paris (Béatrice Coullaré).
Il n’a pas participé directement à l’ouvrage mais ce livre n’aurait jamais eu lieu s’il n’y avait eu le travail en amont de Jean-Marie Darnis dans le catalogage des archives de la Monnaie de Paris. C’est lui (avec également Arnaud Clairand) qui a guidé nos premiers pas dans ce monde des archives monétaires.
Quel était votre but, en écrivant ce genre d’ouvrage ?
P.T. : Le but premier était de donner toutes les informations possibles sur les monnaies décimales gravées par Dupré i.e. une étude détaillé de quelques types monétaires.
En dehors de cet objectif, le chapitre 1 qui ne devait être qu’un chapitre court sur le parcours de Dupré et ses œuvres en tant que médailliste, s’est transformé au fil du temps (avec ses annexes) en un « deuxième livre ». Pour des raisons de coûts, de problématique d’édition, d’impression, de distribution, il a été décidé de maintenir ces deux livres en un.
À quel genre de difficulté avez-vous été confrontés, vous et vos co-auteurs ?
P.T. : L’accès à certains musées a présenté parfois certaines difficultés notamment à cause de la COVID.
Le livre présente de très nombreuses illustrations (5500), le détourage des photos de monnaies fut chronophage et un vrai calvaire…
La numismatique de Dupré est déjà très bien présentée, dans le Franc 2019 ; qu’apporte de plus ce franc spécial Dupré ?
P.T. : Ce que l’on n’a pas pu développer dans le Franc 2019 c’est notamment le changement organisationnel qui a eu lieu à cette période et qui a perduré pratiquement tout au long du 19ème siècle. On comprend mieux ainsi les rôles des différents acteurs et les processus monétaires. C’est une période où il y a eu également beaucoup de changements techniques autour de la création des coins qui devient centralisée sous la responsabilité de Dupré.
Diriez-vous que nous avons davantage affaire à un livre d’histoire plutôt qu’à un livre sur la numismatique stricto sensu ? Pourquoi ?
P.T. : Il y a déjà deux livres en un comme évoqué plus haut : un livre sur Dupré et ses œuvres et un livre numismatique sur les types du système décimal créés par Dupré. Le « premier » livre est effectivement un livre historique sur Dupré et un catalogue raisonné de ses œuvres. Il met à jour le gros travail qui avait été réalisé par le Musée Carnavalet (Rosine Trogan et Philippe Sorel) en 2000 avec l’avantage en plus d’illustrer le maximum d’œuvres situées dans les autres musées. On a par ailleurs une immersion dans la vie des différents ateliers (y compris celui de Dupré) grâce aux informations archives. Pour autant ce n’est pas uniquement un livre d’histoire, car par exemple les chiffres et dates de production des coins et des délivrances sont des informations qui peuvent avoir aussi un impact direct sur l’existence ou la rareté d’une monnaie. Enfin une grande partie du livre ne repose pas sur les archives mais sur les observations des monnaies. Plusieurs lectures du livre sont ainsi possibles et intéresseront, nous l’espérons tout autant, les collectionneurs spécialisés de Dupré, les débutants, les collectionneurs d’autres périodes qui sont intéressés par l’organisation monétaire et les techniques, les passionnés d’histoire, les passionnés d’art …
Chacun ne lira probablement pas tout le contenu d’une traite mais ira probablement sur son centre d’intérêt principal puis viendra peu à peu sur les autres parties par curiosité d’esprit. C’est notre pari !
Comment aborder ce livre, et dans quels cas précis peut-il se révéler utile pour un collectionneur ?
P.T. : Le collectionneur trouvera dans ce livre une description de toutes les variations de gravures qui ont été détectées (avec par exemple un impact important sur le classement des Union et Force) et pour certaines les raisons de leur existence. Les fautées de gravure, les erreurs de frappes, les essais, les faux pour servir (catalogués et cotés) et les faux pour collectionneurs sont largement traités dans l’ouvrage.
Les cotes ont été totalement revues avec des cotations supplémentaires pour des états intermédiaires comme les grades 35 et 53. Un très gros travail a été fait sur l’évaluation des états de conservation avec une méthode analytique. Les maisons de grading connues ne savent pas évaluer de manière cohérente les frappes de ce monnayage réalisées pour la plupart hors virole et nous donnons ici les clefs au collectionneur pour y parvenir.
Des projets à venir ? Lesquels ?
P.T. : Oui, je me suis lancé dans un projet d’ouvrages avec Michel Taillard en co-auteur. Nous allons traiter des essais du XIXe siècle avec là encore l’apport important des archives. La partie « archives » et la partie « catalogue de cotations » seront séparées dans des ouvrages différents. A terme, la période « Révolution » sera traitée dans un autre projet, de même qu’à plus long terme une mise à jour du catalogue XXème et la création d’un ouvrage « archives » sur le XXe.
Pour en savoir plus Le Franc de Dupré,
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